Le Mémorial de la Shoah organise un voyage d'étude d'une journée au camp d'Auschwitz en mars 2007 dans le cadre d'un programme initié et financé par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, en partenariat cette année avec la région Pays de la Loire. Une journée de préparation est prévue au Mémorial de la Shoah à Paris en amont du voyage d'étude.
Le projet interdisciplinaire ci-dessous présenté est conçu par le professeur d'histoire Fabienne Chevalier et le professeur de philosophie Stéphane Vendé, de la classe de terminale ES 1 du lycée Europe-Robert Schuman de Cholet.
Le cadre dans lequel s'inscrit ce projet :
1) En histoire
Le programme d'histoire de la classe de terminale invite, à plusieurs moments de l'année, à se pencher sur la question du rapport entre mémoire /histoire /oubli :
- Le monde en 1945 :
- La France de 1945 à nos jours: bilan et mémoire de la Seconde Guerre mondiale
- Mémoire de la guerre d'Algérie, avec en arrière-plan celle de la colonisation
- La mémoire du génocide dans la construction de l'identité juive et la création de l'État
d'Israël
L'objectif du projet : Comment penser la Shoah en classe terminale ? Quelle est la place d'Auschwitz dans notre mémoire aujourd'hui ?
La problématique du projet :
Qu'apporte de plus à un jeune la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?
Cette problématique pose donc la question des vecteurs de mémoire, des sources de la connaissance historique et de leur confrontation.
2) En philosophie
Le projet :
« Le pardon est mort dans les camps de la mort ». Cette terrible sentence a été prononcée par Vladimir Jankélévitch qui est pourtant aussi l'auteur d'un plaidoyer d'une intensité et d'une vibration émouvantes en faveur d'une conception intransigeant du pardon. Contradiction ? Probablement.
Déchirure, assurément. Ce fin moraliste exigeant fut tout à la fois un apôtre enflammé de la toute-puissance du pardon et un témoin irrémédiablement blessé dans sa chair par l'irrationalité du mal. Sa position philosophique s'est enracinée dans les polémiques d'après-guerre et en particulier dans celles surgies autour de la loi du 26 décembre 1964 sur l'imprescriptibilité des crimes nazis. La décision est difficile et l'enjeu est grave car il v va de la cohérence et de la possibilité du pardon comme on peut le voir à travers la question de savoir s'il faut délimiter un espace a bsolement impardonnable comme semble nous y inciter l'élaboration contemporaine du crime contre l'humanité, catégorie juridique inédite récusant toute prescription.
En nous demandant si l'on peut tout pardonner, nous avons, ici, le projet de faire réfléchir les élèves et de mettre à l'épreuve théoriquement et pratiquement le travail philosophique mis en place cette année sur « l'humain et l'inhumain » durant lequel la faculté de pardon voudrait être analysée comme la plus haute mais aussi la plus fragile des vertus humaines. Mais jusqu'où peut-on exercer cette faculté ? Et peut-on vraiment tout pardonner ?
La problématique du projet :
Pour aller, ici, droit à l'essentiel disons que si les crimes contre l'humanité étaient pardonnables, alors, semble-t-il, l'humanité prendrait le risque de renoncer à elle-même, signant son arrêt de mort comme humanité, en paraissant tolérer ce qui non seulement l'offense, mais la nie. Par conséquent, s'il existe une zone de l'impardonnable, c'est que tout ne pourrait pas et ne devrait pas être pardonné afin de sauvegarder l'humanité de l'homme, des hommes. Mais, à l'inverse, si tout ne peut pas être pardonné, c'est que le pardon ne serait plus cette décision inconditionnelle, gratuite et désintéressé qu'il parait être. Un pardon sous condition est-il encore un don ?
Source de la problématique : Peut-on tout pardonner ?, Jacques Ricot, Plein Feux, 1999
La démarche :
Première étape : séquence d'introduction aux Archives municipales de Cholet
De Cholet à Auschwitz ou, pour reprendre le titre de l'ouvrage d'Alain Jacobzone, « l'éradication tranquille ». Le fond est modeste mais il permet de donner une dimension locale à l'holocauste et de partir sur les traces des 22 Juifs arrêtés à Cholet et déportés à Auschwitz.
Monsieur Jacobzone, auteur du livre L'Eradication tranquille. Le destin des Juifs en Anjou (1940-1944), y fera une conférence sur le sujet.
Deuxième étape : le travail de groupes des 29 élèves (voir fiches)
Troisième étape : confrontation des travaux de groupes
Chaque groupe devra produire des synthèses écrites qu'il présentera aux autres pour nourrir ensuite le débat. L'objectif sera de mettre en évidence des modes de fonctionnement différents de la mémoire, de l'histoire et de l'oubli, de mettre en évidence les articulations entre approche subjective et approche objective, entre approche « charnelle, émotive » et approche « cérébrale, réflexive ». Ces synthèses seront progressivement ici publiées en fonction de l'avancée des recherches des différents groupes.
Quatrième étape : voyage préparatoire au Mémorial de la Shoah à Paris le vendredi 2 mars 2007
Visite guidée de l'exposition permanente, puis travaux en ateliers.
Cinquième étape : visite des camps d'Auschwitz le 19 mars
La force des lieux, le poids des images, le poids des émotions et de la réflexion pour provoquer, éduquer, forcer à la vigilance.
Sixième étape : réflexion et témoignage des élèves sur leur visite à Auschwitz.
Très vite, « à chaud », de retour au lycée, les élèves, à partir d'une réflexion individuelle écrite, organiseront une discussion sur l'objet du voyage :
• Qu'apporte de plus, à un jeune, la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?
• Peut-on pardonner Auschwitz ?
Ils s'engageront à témoigner ensuite, à leur tour, auprès de leurs camarades de première qui étudient la Seconde Guerre mondiale en fin d'année et, pourquoi pas, auprès des parents d'élèves de la classe.
Le cadre dans lequel s'inscrit ce projet :
1) En histoire
Le programme d'histoire de la classe de terminale invite, à plusieurs moments de l'année, à se pencher sur la question du rapport entre mémoire /histoire /oubli :
- Le monde en 1945 :
- La France de 1945 à nos jours: bilan et mémoire de la Seconde Guerre mondiale
- Mémoire de la guerre d'Algérie, avec en arrière-plan celle de la colonisation
- La mémoire du génocide dans la construction de l'identité juive et la création de l'État
d'Israël
L'objectif du projet : Comment penser la Shoah en classe terminale ? Quelle est la place d'Auschwitz dans notre mémoire aujourd'hui ?
La problématique du projet :
Qu'apporte de plus à un jeune la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?
Cette problématique pose donc la question des vecteurs de mémoire, des sources de la connaissance historique et de leur confrontation.
2) En philosophie
« L'enseignement de la philosophie en classes terminales a pour objectif de favoriser l'accès de chaque élève à l'exercice réfléchi du jugement, et de lui offrir une culture philosophique initiale. Ces deux finalités sont substantiellement unies. Une culture n'est proprement philosophique que dans la mesure où elle se trouve constamment investie dans la position des problèmes et dans l'essai méthodique de leurs formulations et de leurs solutions possibles ; l'exercice du jugement n'a de valeur que pour autant qu'il s'applique à des contenus déterminés et qu'il est éclairé par les acquis de la culture. »
Extrait du programme de philosophie en classe terminale des séries générales, présentation, L 1Le projet :
« Le pardon est mort dans les camps de la mort ». Cette terrible sentence a été prononcée par Vladimir Jankélévitch qui est pourtant aussi l'auteur d'un plaidoyer d'une intensité et d'une vibration émouvantes en faveur d'une conception intransigeant du pardon. Contradiction ? Probablement.
Déchirure, assurément. Ce fin moraliste exigeant fut tout à la fois un apôtre enflammé de la toute-puissance du pardon et un témoin irrémédiablement blessé dans sa chair par l'irrationalité du mal. Sa position philosophique s'est enracinée dans les polémiques d'après-guerre et en particulier dans celles surgies autour de la loi du 26 décembre 1964 sur l'imprescriptibilité des crimes nazis. La décision est difficile et l'enjeu est grave car il v va de la cohérence et de la possibilité du pardon comme on peut le voir à travers la question de savoir s'il faut délimiter un espace a bsolement impardonnable comme semble nous y inciter l'élaboration contemporaine du crime contre l'humanité, catégorie juridique inédite récusant toute prescription.
En nous demandant si l'on peut tout pardonner, nous avons, ici, le projet de faire réfléchir les élèves et de mettre à l'épreuve théoriquement et pratiquement le travail philosophique mis en place cette année sur « l'humain et l'inhumain » durant lequel la faculté de pardon voudrait être analysée comme la plus haute mais aussi la plus fragile des vertus humaines. Mais jusqu'où peut-on exercer cette faculté ? Et peut-on vraiment tout pardonner ?
La problématique du projet :
Pour aller, ici, droit à l'essentiel disons que si les crimes contre l'humanité étaient pardonnables, alors, semble-t-il, l'humanité prendrait le risque de renoncer à elle-même, signant son arrêt de mort comme humanité, en paraissant tolérer ce qui non seulement l'offense, mais la nie. Par conséquent, s'il existe une zone de l'impardonnable, c'est que tout ne pourrait pas et ne devrait pas être pardonné afin de sauvegarder l'humanité de l'homme, des hommes. Mais, à l'inverse, si tout ne peut pas être pardonné, c'est que le pardon ne serait plus cette décision inconditionnelle, gratuite et désintéressé qu'il parait être. Un pardon sous condition est-il encore un don ?
Source de la problématique : Peut-on tout pardonner ?, Jacques Ricot, Plein Feux, 1999
La démarche :
Première étape : séquence d'introduction aux Archives municipales de Cholet
De Cholet à Auschwitz ou, pour reprendre le titre de l'ouvrage d'Alain Jacobzone, « l'éradication tranquille ». Le fond est modeste mais il permet de donner une dimension locale à l'holocauste et de partir sur les traces des 22 Juifs arrêtés à Cholet et déportés à Auschwitz.
Monsieur Jacobzone, auteur du livre L'Eradication tranquille. Le destin des Juifs en Anjou (1940-1944), y fera une conférence sur le sujet.
Deuxième étape : le travail de groupes des 29 élèves (voir fiches)
Troisième étape : confrontation des travaux de groupes
Chaque groupe devra produire des synthèses écrites qu'il présentera aux autres pour nourrir ensuite le débat. L'objectif sera de mettre en évidence des modes de fonctionnement différents de la mémoire, de l'histoire et de l'oubli, de mettre en évidence les articulations entre approche subjective et approche objective, entre approche « charnelle, émotive » et approche « cérébrale, réflexive ». Ces synthèses seront progressivement ici publiées en fonction de l'avancée des recherches des différents groupes.
Quatrième étape : voyage préparatoire au Mémorial de la Shoah à Paris le vendredi 2 mars 2007
Visite guidée de l'exposition permanente, puis travaux en ateliers.
Cinquième étape : visite des camps d'Auschwitz le 19 mars
La force des lieux, le poids des images, le poids des émotions et de la réflexion pour provoquer, éduquer, forcer à la vigilance.
Sixième étape : réflexion et témoignage des élèves sur leur visite à Auschwitz.
Très vite, « à chaud », de retour au lycée, les élèves, à partir d'une réflexion individuelle écrite, organiseront une discussion sur l'objet du voyage :
• Qu'apporte de plus, à un jeune, la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?
• Peut-on pardonner Auschwitz ?
Ils s'engageront à témoigner ensuite, à leur tour, auprès de leurs camarades de première qui étudient la Seconde Guerre mondiale en fin d'année et, pourquoi pas, auprès des parents d'élèves de la classe.
Ce blog veut permettre aux élèves de terminale E.S. 1 du lycée Europe de Cholet (49) de publier, de faire connaître et d'échanger leur travail de recherche et leur réflexion à l'occasion d'un projet pédagogique croisant leur enseignement d'histoire & géographie, de philosophie et leur propre recherche dans le domaine des arts et des lettres.
La durée de vie de ce blog voudrait dépasser celle de cette année scolaire, durant laquelle nous allons vivre ensemble un vrai parcours de vie, et permettre à tous et à chacun de contribuer à ce travail d'histoire colletif et de philosophie personnelle nous permettant d'approcher l'idée que nous rappelle Jean-Paul Sartre dans L'Existentialisme est un humanisme : "Les situations historiques varient : l'homme peut naître esclaves dans une société païenne ou ségneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c'est la nécessité pour lui d'être au monde, d'y être au travail, d'y être au milieu des autres et d'y être mortelle. (...) En conséquence, tout projet, quelque individuel qu'il soit a une valeur universelle."
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