vendredi 1 décembre 2006

6 questions 6 réponses

- Pourquoi les nazis haïssaient-ils autant les Juifs ?

Comme nous le transmet Primo Levi : "(...) Dans la haine nazie, il n'y a rien de rationnel. Nous ne pouvons pas la comprendre, mais nous devons comprendre d'où elle est issue et nous tenir sur nos gardes (... )"
Comme dans beaucoup d'autres pays, il existait en Allemagne une tradition antisémite dont l'origine remontait à l'antijudâisme chrétien du Moyen Âge. Lorsque les Juifs eurent le droit, à partir du XIXes., de s'intégrer à la société allemande, leur réussite suscita des jalousies.
À ces formes habituelles d'antisémitisme, le nazisme ajouta une dimension biologique. Sous des prétextes pseudo-scientifiques, il établit une hiérarchie raciale opposant la "race aryenne", dite supérieure, aux autres races qualifiées "d'inférieures". Tout en bas de l'échelle, figurait la "race sémitique" (les Juifs en L'occurrence). Les nazis prétendaient aussi qu'un complot juif international était responsable des malheurs de l'Allemagne, notamment de sa défaite de 1918 et de son humiliation par le traité de Versailles. Ils attribuaient par ailleurs aux Juifs la paternité de leur principal ennemi idéologique : Le bolchevisme.


- Quelle différence y a-t-il entre un camp de concentration et un camp d'extermination ?

On les confond souvent bien qu'ils ne soient pas de même nature. Les camps de concentration (une vingtaine en 1944) sont des lieux d'enfermement et prétendument de "rééducation" destinés aux antinazis et aux "asociaux" puis aux ennemis du Reich. Des Juifs y sont également enfermés. Même si la mortalité y est très élevée, le déporté a néanmoins une chance de survivre. Cette chance n'existe pas ou est infime dans les centres d'extermination qui sont des lieux destinés à assassiner méthodiquement et industriellement hommes, femmes et enfants. Au nombre de six, ces centres de mise à mort sont tous situés en Pologne. Parmi eux, Auschwitz et Lublin-Majdanek sont des camps mixtes car ils sont à la fois camp de concentration et centre d'extermination.


- Comment les nazis ont-ils fait pour dissimuler un tel crime ?

Les nazis ont organisé de façon systématique le génocide des Juifs et en ont fait un secret d'État. Le secret était d'abord administratif. Tous les documents faisant référence à la "Solution finale" étaient strictement confidentiels. Dans leur propos, les termes explicites étaient bannis. Ainsi, en langage codé, "traitement spécial" signifiait "gazage", "travail à l'Est" voulait dire "déportation vers les camps d'extermination", etc. Pour que le processus d'extermination se déroule dans les meilleures conditions, il ne fallait pas que les victimes connaissent le sort qui leur était reservé. IL fallait aussi rassurer l'opinion internationale sur la destinée des Juifs "transférés à l'Est". Pour cela, les nazis ont employé divers subterfuges. Ils se sont également efforcés d'effacer tes traces de leurs activités criminelles en détruisant les installations homicides.


- Les juifs se sont-ils laissés esterminer sans réagir ?

Ignorant où ils allaient, la quasi-majorité d'entre eux pensait qu'on les envoyait en Allemagne ou en Pologne dans un camp de travail. Certes, des rumeurs inquiétantes circulaient mais une telle monstruosité était inimaginable. Même à Auschwitz-Birkenau, tout était organisé pour rassurer et tromper les nouveaux arrivants. Jusqu'au dernier moment, ils ignoraient leur sort. Et en admettant qu'ils l'aient su, exclus et privés de ressources, au contact de populations bien souvent indifférentes sinon hostiles, où auraient-ils pu aller? Cependant, lorsque les Juifs ont compris le caractère systématique des déportations, ils se sont parfois, comme en France, organisés pour cacher les enfants, fabriquer des faux papiers, effectuer des passages clandestins vers des pays neutres, etc. Par ailleurs, en Pologne, des révoltes ont éclaté dans les ghettos comme à Varsovie en avril 1943 ou dans les camps comme celui de Treblinka en août 1943 ou encore Sobibor en octobre 1943.


- Que savaient les Alliés ?

Des informations ont filtré sur les ghettos et les camps en Pologne et sur les tueries commises à l'Est malgré le secret qui entourait ces activités. Le Vatican, Les Alliés (plus particulièrement les Anglo-Américains) en ont été informés par de multiples sources. Elles provenaient d'organisations juives établies dans des pays neutres, notamment la Suisse et la Suède et de leurs propres services de renseignement. Les autorités gouvernementales en savaient beaucoup plus sur ces massacres que les populations, même si la radio de Londres (BBC) en fit état à plusieurs reprises, de même que la presse clandestine en France notamment. En décembre 1942, les Alliés dénoncèrent publiquement le processus d'extermination mais ils en restèrent là. Selon eux, seule la fin du conflit, qu'il fallait tout faire pour hâter, pouvait y mettre un terme. C'est ainsi que les Juifs et les Tziganes furent abandonnés à leur sort.


- Des non-Juifs sont-ils venus un aide aux Juifs ?

Dans chacun des pays occupés, des personnes ont eu le courage, parfois au péril de leur vie, de cacher des Juifs ou de les aider à fuir. Cette petite minorité d'hommes et 'de femmes, de toutes croyances et de toutes origines sociales a agi de manière désintéressée. Pour leur rendre hommage, le Yad Vashem, institution israélienne consacrée à la mémoire de ta Shoah, leur attribue le plus haut titre de vertu biblique qui est celui de "Juste parmi les Nations": À ce jour, cette distinction a été décernée à plus de 21000 personnes en Europe et à deux communes : celles du Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire et de Niewlande en Hollande.

Source : livret d'accompagnent élèves

mercredi 29 novembre 2006

Les bienveillantes, Jonathan Littell, Gallimard, 2006


Jonathan Littell verra Shoah, de Claude Lanzmann, et sera impressionné particulièrement par une séquence d’entretien avec Raul Hilberg, dans laquelle l’historien américain souligne le rôle joué par la bureaucratie nazie dans l’extermination des juifs d’Europe. « Auschwitz, les chambres à gaz, je savais cela – je suis né dans une famille d’origine juive, et même si elle a émigré de Pologne aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle et n’a pas vécu de façon directe ces événements, j’ai néanmoins grandi avec cette histoire. Mais le fait que le génocide ait été l’œuvre d’un appareil bureaucratique organisé, rationalisé, budgété, je ne le mesurais pas. »

C’est cette machine administrative effarante, cette logistique sophistiquée que l’on voit à l’œuvre, de l’intérieur, avec une précision sidérante, dans Les Bienveillantes, à travers les faits et gestes de Maximilien Aue. Un individu qui n’a a priori rien d’un pervers, ni d’un idéologue fanatique. Un homme hanté par une histoire personnelle douloureuse, par des rêves et des symptômes physiques qui semblent les indices d’une dégradation morale intense, mais aussi un fonctionnaire du crime sans passion ni compassion, sans doutes ni hésitations, mû par un pur et simple et effrayant souci d’efficacité. « Ce que j’ai fait, je l’ai fait en pleine connaissance de cause, pensant qu’il y allait de mon devoir et qu’il était nécessaire que ce soit fait, aussi désagréable et malheureux que ce fût », se justifie Maximilien Aue, en préambule à ces Mémoires imaginaires.

Ce qu'en dit la presse :

"C'est un choc ! Voici un livre dont on sort hagard et pantelant. Un de ces rares romans appelés à devenir un classique [...]. Jonathan Littell a trente-huit ans. Il est américain, écrit en français. Son coup d'éclat, un pavé dérangeant et fascinant, interroge le mal historique, le mal idéologique et le mal personnel. Le volume pèse son poids : neuf cents pages (avec appendices) dotées d'une force incroyable, d'une diabolique dimension épique. Un opéra baroque et décadent mêlant réalisme, violence et onirisme." Alexandre Fillon, Lire

"On ne peut s'empêcher, à la lecture de cette œuvre faite de mort, de chute, de sexe, de se poser une question : pourquoi écrire au XXIe siècle un roman sur un officier SS ? Les Bienveillantes sont une plongée atemporelle dans les profondeurs de l'homme. On se retrouve obligé de se regarder soi. Obscur face-à-face. C'est d'ailleurs, dans une dialectique de miroir brisé, la véritable interrogation des Bienveillantes : et vous ?" Marie-Laure Delorme, Le Magasine littéraire

"L'époustouflante réussite des Bienveillantes ne se trouve pas seulement dans la conduite d'un récit couvrant l'intégralité du second conflit mondial, un souffle devenu trop rare dans le roman contemporain. Elle tient aussi dans l'abandon demandé au lecteur, à cette façon de l'amener à rendre les armes après 900 pages. Cette pulsion génocidaire, rationalisée par un sens de l'organisation hors du commun, formulée avec autant de précision par Max Aue, ne relève plus seulement de la confidence. Elle devient un miroir qui nous est tendu puisque de ce « frère humain » nous ne pourrons jamais écarter la lointaine parenté. Dans ces moments là, Jonathan Littell devient vraiment très grand." Samuel Blumenfeld, Le Monde des livres

"Ce livre pose des questions. D'emblée, dès la première page, et jusqu'au bout. D'innombrables questions se lèvent presque à chaque page, troublantes, qui récusent toute réponse. Très vite on ne sait plus quoi penser, quoi dire. Une tentation dangereuse émerge alors : accepter l'horreur comme une fatalité. En refusant de rendre son anti-héros haïssable, et même de lui attribuer des sentiments anti-sémites, l'auteur suit fidèlement la voie romanesque tracée par Flaubert : avec Maximilien Aue, Jonathan Littell a créé son Emma, son Frédéric. Il le place dans cette intolérable position des « malgré-nous », il lui inflige un destin auquel rien ne peut être opposé, sauf, justement, la mort." Bruno Krebs, La Revue littéraire

"C'est en prêtant voix à un officier supérieur nazi […] que Jonathan Littell signe une entrée stupéfiante sur la scène littéraire française. […] Le résultat est saisissant. Fresque de grande ampleur où sont convoqués des centaines de personnages réels ou fictifs, portée par une authentique puissance narrative et un souci éthique omniprésent – on pense souvent, à la lecture, à Vie et destin de Vassili Grossman –, Les Bienveillantes n’est certes pas de ces romans qu’on peut envisager d’aimer, mais il se dégage de ses pages une force de conviction hors du commun, une sensation inouïe de réalisme et de justesse." Nathalie Crom, Télérama

Sources : Télérama et Gallimard Editions

Documentation audio-visuelle en ligne

- Encyclopédie multimédia de la Shoah

- Le procès Nuremberg : Le film des atrocités, France Culture, (audio 1:05:05)

- Le procès Nuremberg : La bureaucratie du génocide, France Culture (audio 1:05:05)

- Le procès Nuremberg : Le crime contre l'humanité, Serge Klarsfeld, France Culture, (audio 30:14)

- Aushwitz Remembering Hell, Michael Moody

- Birkeneau, David J. Waxman (vidéo 9:00)

- Fondation pour la Mémoire de la Soah


A propos de l'art en général et de "l'art dégénéré" en particulier :

- Un article d'analyse stylistique sur "l'art dégénéré" d'une historienne

- Un site intéressant accesible pour des lycéens mais qui pêche par absence de contextualisation historique "l'art dégénéré du III Reich".

- Un site avec une contextualisation mais plus difficile, une analyse dans le champ de la théorie critique de l'Ecole de Frankfort. Rélexions sur le marketing, la propagande et l'art. Peut vous aider à réfléchir la question.

-
Un site incontournable sur la question de l'art et l'univers concentrationnaire.

- Voir au C.D.I. du lycée le Beaux Arts magazine n°86 "Vive l'art dégénéré".



De la musique dans les camps ? Voici quelques éléments de réponse : Témoignage de Wladyslaw Szpilman / Témoignage de Simon Laks / Témoignage d'un SS sur la musique à Majdanek

Discographie : Musique dans les Camps de Concentrationet lesCamps d'Extermination


Témoignage :








lundi 27 novembre 2006

Les différents dossiers de recherche actualisés des élèves

Les auteurs : Alisiya B., Jennifer C., Marie B., Aurélie G., Anne M., Sarah D., Elodie M.

Le dossier de recherche :
- Film documentaire : Nuit et brouillard, A. Resnais, 1945
- Témoignage : Si c'est un homme, P. Levi, 1947
- Littérature (bande dessinée) : Maus, A. Spiegelman, T1 - 1987, T2, 1992
- Histoire : Auschwitz, L. Poliakov, 1964
- Philosophie : Etude sur l’humain et l’inhumain, Chap. 3, Devenir humain – Ce qui fait qu’un homme est un homme, Chap. 6, L’humain attesté – Comment préserver l’humain, Jacques Ricot, PUF, 1998
- Art : L’art “dégénéré”, Berlin, 1937


Les auteurs : Chloé V., Samantha M., Adélie F., Marie G., Justine G., Charlotte G., Quentin B.

Le dossier de recherche :
- Film documentaire : Shoah, C. Lanzmann, 1985
-
Témoignage : Le commandant d'Auschwitz parle, R. Hoess, 1947
- Littérature (roman) : La mort est un métier,
R. Merle, 1952

- Histoire : Auschwitz, La solution finale,
ouvrage colectif, 2005

- Philosophie :
Etude sur l’humain et l’inhumain, Chap. 2.III, Chap. 5, L’humanité meurtrière d’elle-même,L’humain défait – Comment advient l’i
nhumain, Chap. 6, L’humain attesté – Comment préserver l’humain Jacques Ricot, PUF, 1998
- Art : La musique dans les camps de concentration


Les auteurs : William P., Grégory G., Guillaume L., Corentin B., Jas H., Hendriks H., Romain G., Cloé L.

Le dossier de recherche :
- Film de fiction : La vie est belle, Benigni, 2000
- Témoignage : L'espèce humaine, R. Antelme, 1957
- Littérature (roman) : Les deux morts de Hannah K., R. Meyer,
2003
- Histoire : L'Ere du témoin, A. Wievorka, 1998
- Philosophie : Le mal totalitaire, Joël Gaubert (Livre et CD Rom), M-editer, 2004
- Art : Les arts plastiques dans les camps


Les auteurs : Marine D., Aline G., Anne-Lise G., Aurélie F., Lucie B., Elodie D.

Le dossier de recherche :
- Film de fiction : La liste de Schindler, S. Spielberg, 1993
- Témoigange : Je me suis évadé d'Auschwitz, R. Vrba, 1963
- Littérature (bande dessinée) : Auschwitz, P. Croci, 2000
-Histoire : Les Assassins de la mémoires, P. Vidal-Naquet, 1987
- Philosophie : La servitude volontaire, Michel Malherbe, (Livre et CD Rom), M-editer, 2004
- Art : L’art post-concentrationnnaires (1945 à nos jours)

dimanche 26 novembre 2006

Projet pédagogique TES.1 2006-2007 : Présentation

Le Mémorial de la Shoah organise un voyage d'étude d'une journée au camp d'Auschwitz en mars 2007 dans le cadre d'un programme initié et financé par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, en partenariat cette année avec la région Pays de la Loire. Une journée de préparation est prévue au Mémorial de la Shoah à Paris en amont du voyage d'étude.
Le projet interdisciplinaire ci-dessous présenté est conçu par le professeur d'histoire Fabienne Chevalier et le professeur de philosophie Stéphane Vendé, de la classe de terminale ES 1 du lycée Europe-Robert Schuman de Cholet.

Le cadre dans lequel s'inscrit ce projet :

1) En histoire

Le programme d'histoire de la classe de terminale invite, à plusieurs moments de l'année, à se pencher sur la question du rapport entre mémoire /histoire /oubli :

- Le monde en 1945 :
- La France de 1945 à nos jours: bilan et mémoire de la Seconde Guerre mondiale
- Mémoire de la guerre d'Algérie, avec en arrière-plan celle de la colonisation
- La mémoire du génocide dans la construction de l'identité juive et la création de l'État
d'Israël

L'objectif du projet : Comment penser la Shoah en classe terminale ? Quelle est la place d'Auschwitz dans notre mémoire aujourd'hui ?

La problématique du projet :

Qu'apporte de plus à un jeune la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?
Cette problématique pose donc la question des vecteurs de mémoire, des sources de la connaissance historique et de leur confrontation.

2) En philosophie

« L'enseignement de la philosophie en classes terminales a pour objectif de favoriser l'accès de chaque élève à l'exercice réfléchi du jugement, et de lui offrir une culture philosophique initiale. Ces deux finalités sont substantiellement unies. Une culture n'est proprement philosophique que dans la mesure où elle se trouve constamment investie dans la position des problèmes et dans l'essai méthodique de leurs formulations et de leurs solutions possibles ; l'exercice du jugement n'a de valeur que pour autant qu'il s'applique à des contenus déterminés et qu'il est éclairé par les acquis de la culture. »
Extrait du programme de philosophie en classe terminale des séries générales, présentation, L 1

Le projet :

« Le pardon est mort dans les camps de la mort ». Cette terrible sentence a été prononcée par Vladimir Jankélévitch qui est pourtant aussi l'auteur d'un plaidoyer d'une intensité et d'une vibration émouvantes en faveur d'une conception intransigeant du pardon. Contradiction ? Probablement.
Déchirure, assurément. Ce fin moraliste exigeant fut tout à la fois un apôtre enflammé de la toute-puissance du pardon et un témoin irrémédiablement blessé dans sa chair par l'irrationalité du mal. Sa position philosophique s'est enracinée dans les polémiques d'après-guerre et en particulier dans celles surgies autour de la loi du 26 décembre 1964 sur l'imprescriptibilité des crimes nazis. La décision est difficile et l'enjeu est grave car il v va de la cohérence et de la possibilité du pardon comme on peut le voir à travers la question de savoir s'il faut délimiter un espace a bsolement impardonnable comme semble nous y inciter l'élaboration contemporaine du crime contre l'humanité, catégorie juridique inédite récusant toute prescription.

En nous demandant si l'on peut tout pardonner, nous avons, ici, le projet de faire réfléchir les élèves et de mettre à l'épreuve théoriquement et pratiquement le travail philosophique mis en place cette année sur « l'humain et l'inhumain » durant lequel la faculté de pardon voudrait être analysée comme la plus haute mais aussi la plus fragile des vertus humaines. Mais jusqu'où peut-on exercer cette faculté ? Et peut-on vraiment tout pardonner ?

La problématique du projet :

Pour aller, ici, droit à l'essentiel disons que si les crimes contre l'humanité étaient pardonnables, alors, semble-t-il, l'humanité prendrait le risque de renoncer à elle-même, signant son arrêt de mort comme humanité, en paraissant tolérer ce qui non seulement l'offense, mais la nie. Par conséquent, s'il existe une zone de l'impardonnable, c'est que tout ne pourrait pas et ne devrait pas être pardonné afin de sauvegarder l'humanité de l'homme, des hommes. Mais, à l'inverse, si tout ne peut pas être pardonné, c'est que le pardon ne serait plus cette décision inconditionnelle, gratuite et désintéressé qu'il parait être. Un pardon sous condition est-il encore un don ?
Source de la problématique : Peut-on tout pardonner ?, Jacques Ricot, Plein Feux, 1999


La démarche :

Première étape : séquence d'introduction aux Archives municipales de Cholet

De Cholet à Auschwitz ou, pour reprendre le titre de l'ouvrage d'Alain Jacobzone, « l'éradication tranquille ». Le fond est modeste mais il permet de donner une dimension locale à l'holocauste et de partir sur les traces des 22 Juifs arrêtés à Cholet et déportés à Auschwitz.

Monsieur Jacobzone, auteur du livre L'Eradication tranquille. Le destin des Juifs en Anjou (1940-1944), y fera une conférence sur le sujet.

Deuxième étape : le travail de groupes des 29 élèves (voir fiches)

Troisième étape : confrontation des travaux de groupes

Chaque groupe devra produire des synthèses écrites qu'il présentera aux autres pour nourrir ensuite le débat. L'objectif sera de mettre en évidence des modes de fonctionnement différents de la mémoire, de l'histoire et de l'oubli, de mettre en évidence les articulations entre approche subjective et approche objective, entre approche « charnelle, émotive » et approche « cérébrale, réflexive ». Ces synthèses seront progressivement ici publiées en fonction de l'avancée des recherches des différents groupes.

Quatrième étape : voyage préparatoire au Mémorial de la Shoah à Paris le vendredi 2 mars 2007
Visite guidée de l'exposition permanente, puis travaux en ateliers.

Cinquième étape : visite des camps d'Auschwitz le 19 mars

La force des lieux, le poids des images, le poids des émotions et de la réflexion pour provoquer, éduquer, forcer à la vigilance.

Sixième étape : réflexion et témoignage des élèves sur leur visite à Auschwitz.

Très vite, « à chaud », de retour au lycée, les élèves, à partir d'une réflexion individuelle écrite, organiseront une discussion sur l'objet du voyage :

• Qu'apporte de plus, à un jeune, la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?

• Peut-on pardonner Auschwitz ?

Ils s'engageront à témoigner ensuite, à leur tour, auprès de leurs camarades de première qui étudient la Seconde Guerre mondiale en fin d'année et, pourquoi pas, auprès des parents d'élèves de la classe.


Ce blog veut permettre aux élèves de terminale E.S. 1 du lycée Europe de Cholet (49) de publier, de faire connaître et d'échanger leur travail de recherche et leur réflexion
à l'occasion d'un projet pédagogique croisant leur enseignement d'histoire & géographie, de philosophie et leur propre recherche dans le domaine des arts et des lettres.

La durée de vie de ce blog voudrait dépasser celle de cette année scolaire, durant laquelle nous allons vivre ensemble un vrai parcours de vie, et permettre à tous et à chacun de contribuer à ce travail d'histoire colletif et de philosophie personnelle nous permettant d'approcher l'idée que nous rappelle Jean-Paul Sartre dans L'Existentialisme est un humanisme : "Les situations historiques varient : l'homme peut naître esclaves dans une société païenne ou ségneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c'est la nécessité pour lui d'être au monde, d'y être au travail, d'y être au milieu des autres et d'y être mortelle. (...) En conséquence, tout projet, quelque individuel qu'il soit a une valeur universelle."