mercredi 20 décembre 2006

Comment s’explique la haine fanatique des nazis pour les juifs ?, Primo Levi

Peut-être que ce qui s’est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où comprendre, c’est presque justifier. En effet, « comprendre » la décision ou la conduite de quelqu’un, cela veut dire (et c’est aussi le sens étymologique du mot) les mettre en soi, mettre en soi celui qui en est responsable, se mettre à sa place, s’identifier à lui. Eh bien, aucun homme normal ne pourra jamais s’identifier à Hitler, à Himmler, à Goebbels, à Eichmann, à tant d’autres encore. [...]

Dans la haine nazie, il n’y a rien de rationnel. [...] Nous ne pouvons pas la comprendre ; mais nous pouvons et nous devons comprendre d’où elle est issue, et nous tenir sur nos gardes. Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi.

C’est pourquoi nous avons tous le devoir de méditer sur ce qui s’est produit. Tous nous devons savoir, ou nous souvenir, que lorsqu’i1s parlaient en public, Hitler et Mussolini étaient crus, applaudis, admirés, adorés comme des dieux. C’étaient des « chefs charismatiques », ils possédaient un mystérieux pouvoir de séduction qui ne devait rien à la crédibilité ou à la justesse des propos qu’ils tenaient mais qui venait de la façon suggestive dont ils les tenaient, à leur éloquence, à leur faconde d’histrions, peut­-être innée, peut-être patiemment étudiée et mise au point. Les idées qu’ils proclamaient n’étaient pas toujours les mêmes et étaient en général aberrantes, stupides ou cruelles ; et pourtant ils furent acclamés et suivis jusqu’à leur mort par des milliers de fidèles. Il faut rappeler que ces fidèles, et parmi eux les exécuteurs zélés d’ordres inhumains, n’étaient pas des bourreaux-nés, ce n’étaient pas - sauf rares exceptions - des monstres, c’étaient des hommes quelconques. Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter, comme Eichmann, comme Höss, le commandant d’ Auschwitz, comme Stangl, le commandant de Treblinka, comme, vingt ans après, les militaires français qui tuèrent en Algérie, et comme, trente ans après, les militaires américains qui tuèrent au Viêt-nam.

Il faut donc nous méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d’autres voies que par la raison, autrement dit des chefs charismatiques : nous devons bien peser notre décision avant de déléguer à quelqu’un d’autre le pouvoir de juger et de vouloir à notre place. Puisqu’il est difficile de distinguer les vrais prophètes des faux, méfions-nous de tous les prophètes ; il vaut mieux renoncer aux vérités révélées, même si elles nous transpor­tent par leur simplicité et par leur éclat, même si nous les trouvons commodes parce qu’on les a gratis. Il vaut mieux se contenter d’autres vérités plus modestes et moins enthousias­mantes, de celles que l’on conquiert laborieusement, progressive­ment et sans brûler les étapes, par l’étude, la discussion et le raisonnement, et qui peuvent être vérifiées et démontrées.

Bien entendu, cette recette est trop simple pour pouvoir s’appliquer à tous les cas : il se peut qu’un nouveau fascisme, avec son cortège d’intolérance, d’abus et de servitude, naisse hors de notre pays et y soit importé, peut-être subrepticement et camouflé sous d’autres noms ; ou qu’il se déchaîne de l’intérieur avec une violence capable de renverser toutes les barrières. Alors, les conseils de sagesse ne servent plus, et il faut trouver la force de résister : en cela aussi, le souvenir de ce qui s’est passé au coeur de l’Europe, il n’y a pas si longtemps, peut être une aide et un avertissement.

Primo Levi - 1976

[Appendice à Si c’est un homme - éd Presses Pocket - pages 211 et 212]
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Image : Adolf Eichmann pendant son procès © France 5]

mardi 12 décembre 2006

Téhéran, capitale du déni de la Shoah

Tandis que des universitaires révisionnistes se retrouvent à Téhéran, lundi 11 décembre 2006, les visiteurs se rendent en masse au mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, en hommage aux victimes du nazisme.
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Le «mythe» vaut bien une conférence.
Une réunion sur la «réalité» de l'extermination des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, notamment sur l'utilisation de chambres à gaz dans les camps de concentration nazis, s'est ouverte, hier, à Téhéran. Intitulée «Etude de l'Holocauste : une vision mondiale», la conférence se tient à l'Institut d'études politiques et internationales, qui dépend du ministère des Affaires étrangères. Durant deux jours, des «universitaires» et «chercheurs» européens, tel l'ex-universitaire et révisionniste français Robert Faurisson, condamné à de multiples reprises par la justice française pour sa négation de la réalité de l'Holocauste. Mais aussi des rabbins antisionistes ou encore l'ancien représentant républicain de Louisiane David Duke, ex-dirigeant du Ku Klux Klan, vont «débattre» sur le sujet. Ils sont notamment invités à se pencher sur le thème suivant : «Holocauste : suites et exploitation.» Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad en est à la fois le concepteur et le promoteur. Depuis son arrivée au pouvoir, en août 2005, il a parlé à plusieurs reprises de l'Holocauste comme d'un «mythe», utilisé ­ selon lui ­ par Israël au Proche-Orient, qu'il qualifie par ailleurs de «tumeur» et qu'il souhaite ouvertement «rayer de la carte». Malgré les pressions de la communauté internationale, Téhéran cherche à se doter de l'arme nucléaire. Lire la suite


Source : Libération

vendredi 8 décembre 2006

"Pardonner ? Dans l'horreur et la dignité"


Tel est le sous-titre de "L'Imprescriptible", un ouvrage posthume de Vladimir Jankélévitch qui constitue une des rares contributions philosophiques à la question des crimes contre l'humanité.
Vladimir Jankélévitch est aussi l'auteur d'un petit volume posthume intitulé : "L'Imprescriptible" (éd.du Seuil, 1986) et deux fois sous-titré : "Pardonner ? Dans l'honneur et la dignité". Regroupant principalement deux articles écrits en 1948 et 1971, il constitue une des rares contributions proprement philosophiques à la question des crimes contre l'humanité.Il convient en effet de prendre au sérieux ces textes qu'on n'ose dire de circonstance et qui témoignent de la présence constante du philosophe dans les affaires de la cité. On ne saurait d'ailleurs séparer ici le philosophe du citoyen, si tant est que ce soit possible, et l'on pourrait montrer comment ces articles expriment l'oeuvre de Jankélévitch. De même qu'il faudrait montrer comment cette oeuvre nous aide à penser le génocide nazi et ses enjeux.Mais ce qui doit en premier lieu retenir l'attention dans ces écrits véhéments voire excessifs, habités par une fureur inconsolable, ce sont les thèses qu'ils soutiennent et les questions auxquelles ils nous confrontent. On a pu s'étonner de la virulence inaccoutumée du ton et du caractère absolument tranché des positions n'admettant pas de réplique. Il faut dire au contraire que les contextes et le sujet imposaient de telles interventions, et qu'elles n'ont rien perdu de leur actualité. Leur radicalité est ce qui constitue précisément leur justesse : elles possèdent la vertu des écrits qui remettent les idées en place, et on ne saurait faire l'économie de penser avec eux ce qui ici est en question. C'est que ces textes incontournables vont droit à l'essentiel et, devrait-on dire, à l'essentiel de l'essentiel, puisqu'ils traient non pas seulement de violations massives des Droits de l'Homme ni même des critères de guerre, mais bien de crimes contre l'humanité. A savoir de la négation de ce qui est au principe ou mieux de ce qui constitue le principe des Droits de l'Homme, l'égalité ontologique de tous les humains. Ainsi le motif fondamental de ces articles qui composent désormais un livre de référence est-il, en nous ramenant sans ménagement à ce que signifie "l'horreur insurmontable" de ces crimes, de nous faire comprendre la nécessité d'effectuer et de maintenir cette distinction, et d'en tirer la conséquence qui s'impose comme un impératif catégorique si nous voulons pouvoir vivre "dans l'honneur et la dignité" : qu'il y a de l'imprescritible dans l'ordre des actions humaines, et qu'on ne saurait se dérober devant l'exigence de l'assumer, sous quelque prétexte que ce soit, fût-ce sous l'alibi du temps.Il fallait le dire haut et fort, en ces termes polémiques, au sortir de la guerre et encore au tout début des années 70, quand une lâcheté complaisante plus ou moins délibérée entendait tourner la page d'"un coeur juridiquement léger". Mais si ces textes s'insurgent contre l'oubli de la destruction des juifs et des tsiganes qui menaçait, c'est aussi de notre avenir qu'il y était question avec une rare prémonition : ils résonnent rétrospectivement comme un avertissement qui mérite encore d'être entendu. L'offensive révisionniste en France, les tentatives de banalisation historique en Allemagne, le retour politique du racisme ces dernières années dans notre pays, et bien sur les tragédies bosniaque et rwandaise, montrent entre autres signes alarmants que nous n'en avons pas fini avec le "crime insondable" perpétré par les nazis. Aussi bien l'exigence morale rejoint-elle la clairvoyance politique, et c'est ce que ces textes entendent aussi nous faire comprendre. Plus encore, ils nous montrent qu'il en va ultimement du sens que nous voulons donner à notre histoire, lequel n'est pas séparable de notre responsabilité permanente à l'égard des victimes. Mais voici plus précisément ce qui constitue pour moi la substance de leur enseignement. Jankélévitch écrit : "Le vote du Parlement français énonce à bon droit un principe et, en quelque sorte, une impossibilité a priori : les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles, c'est-à-dire ne peuvent pas être prescrits ; le temps n'a pas de prise sur eux." C'est que nous sommes en présence d'un "crime métaphysique", procédant d'une "méchanceté ontologique" : elle visait à supprimer "l'existence de l'Autre", non pas "en tant que tel ou tel" mais "en tant qu'homme". Et c'est "à la lettre" qu'il faut prendre ces expressions : "ce sont, dans le sens propre du mot, des crimes contre l'humanité, c'est-à-dire des crimes contre l'essence humaine, c'est-à-dire des crimes contre l'"homanité" de l'homme en général". On ne saurait être plus précis pour qualifier ce genre de crime qui vise "l'existence de ceux qui n'auraient pas dû exister". Il constitue "un attentat contre l'homme en tant qu'homme "parce qu'il dénie à une partie du genre humain le droit d'en faire partie." C'est, nous dit-il, "un crime contre le genre humain", et c'est pourquoi "ces offensés sont notre affaire à tous" : ce qu'il met en question c'est notre humanité, l'idée même d'humanité qui est sans doute l'héritage le plus précieux des Lumières. Il s'ensuit qu'un tel acte ne peut être qu'imprescriptible, sauf à nous en rendre complice : "Lorsqu'un acte nie l'essence de l'homme en tant qu'homme, la prescription qui tendrait à l'absoudre au nom de la morale contredit elle-même la morale. N'est-il pas contradictoire et même absurde d'invoquer ici le pardon ? Oublier ce crime gigantesque contre l'humanité serait un nouveau crime contre le genre humain." C'est en ce sens aussi, et même devrait-on dire surtout, que"Auschwitz n'est pas une opinion."Pas de "quitus définitif" possible par conséquent pour cette "oeuvre de haine" dont "le but est d'avilir et de dégrader pour nihiliser". Cela veut dire qu'on ne saurait se réconcilier avec ceux qui ont rompu l'unité du genre humain, pour que soit réaffirmée cette exigence métaphysique. Mais cela ne revient pas à expulser à leur tour les bourreaux du genre humain.

Tout au contraire, c'est en marquant juridiquement le caractère irréconciliable, sous une loi humaine qui pose cette unité et interdit qu'on la rompe, qu'on les maintient malgré eux dans le champ de l'humain. On ne leur accorde pas le droit d'avoir été inhumain. Aussi bien le refus du pardon juridique refonde-t-il pour ainsi dire l'unité du genre humain.Mais s'il faut "lutter passionnément contre l'oubli", c'est en outre et d'un même mouvement parce que "les morts dépendent entièrement de notre fidélité". Nous en sommes responsables parce que "le passé ne se défend pas tout seul comme se défendent le présent et l'avenir" : "Le passé comme les morts a besoin de nous ; il n'existe que dans la mesure où nous le commémorons. Si nous commencions à oublier les combattants du ghetto, ils seraient anéantis une deuxième fois. Nous parlerons donc de ces morts, poursuit Jankélévitch, afin qu'il ne soient pas anéantis ; nous penserons à ces morts, de peur qu'ils ne retombent, comme disent les chrétiens, dans le lac obscur, de peur qu'ils ne soient à jamais engloutis dans les ténèbres."Le devoir de mémoire, dont l'Imprescriptible fait partie et sans lequel elle ne serait qu'une affaire privée relevant de bons sentiments, nous le devons aux morts afin de leur rendre justice. Pour qu'ils restent présents parmi nous dans toute leur humanité restituée, et qu'ils soient à jamais réinscrits au lieu du genre humain qu'ils n'ont jamais cessé d'habiter malgré leurs bourreaux. Il y va du lien ontologique qui les relie à nous et nous à eux, et dont nous devons témoigner. Car si ce crime a bien eu lieu, en un autre sens il faut qu'il n'ait pas eu lieu, et en tout état de cause qu'il n'ait pas été consommé.C'est aussi pourquoi les "survivants" n'ont pas à "pardonner" à la place des morts. Le pardon suppose la parole, et on a voulu les priver à jamais de toute parole. C'est en ce sens que "le pardon est mort dans les camps de la mort". Nous ne saurions donc parler à leur place pour absoudre leurs bourreaux, sauf à les priver une seconde fois de parole et à les faire taire définitivement : "libre à chacun de pardonner les offenses qu'il a personnellement reçues, s'il le juge bon", mais "en quoi les survivants ont-ils qualité pour pardonner à la place des victimes ou au nom des rescapés ? Non, ce n'est pas à nous de pardonner pour les petits enfants que des brutes s'amusaient à supplicier. Il faudrait que les petits enfants pardonnent eux-mêmes". Leur extermination a rendu toute parole de pardon littéralement impossible. Et c'est tout ce que nous pouvons dire à ce sujet si nous voulons les respecter ; il faut que nous portions leur silence à la parole.Il reste que si l'imprescriptible s'entend avec un point d'exclamation, pardonner s'écrit avec un point d'interrogation. C'est dire qu'il ne s'agit pas ici de se donner bonne conscience. Vladimir Jankélévitch le savait mieux que quiconque, qui se réfère à son livre sur "le pardon" : "Il existe entre l'absolu de la loi d'amour et l'absolu de la liberté méchante une déchirure qui ne peut être entièrement décousue". Pour sortir de cette aporie, peut-être faut-il distinguer le pardon juridique et le pardon moral, et selon les modalités subtiles; On ne peut en effet ôter à personne le droit de pardonner en son for intérieur la blessure faite au genre humain, mais la société des humains ne le peut ni le le doit. Pas plus que personne ne peut ni ne doit pardonner d'aucune façon au nom des vitimes.Mais il ne s'agit pas seulement des bourreaux, il y a aussi tout un peuple, et se pose évidemment la grave quest!on de notre rapport au peuple allemand et à la culture allemande. Il faut ici faire très attention à ce que dit Jankélévitch, pour ne pas lui faire dire autre chose que ce qu'il dit et tout d'abord à ceci : "Tout le monde est plus ou moins coupable de non-assistance à un peuple en danger de mort". A commencer par les peuples dont l'Etat et les milices collaborèrent : nous sommes comptables de Vichy. Juger moralement "ces millions d'Allemands muets ou complices" ne saurait donc non plus nous servir d'alibi, et c'est avec autant de sévérité que Jankélévitch juge ces Français pour qui "la victoire sur le fascisme n'était pas (...) une question de vie ou de mort" : "Si l'Allemagne l'avait emporté, ils auraient vécu quand même, et la plupart d'entre eux se seraient en somme assez bien accommodés de cette éventualité trop révue."Cela étant précisé, "un peuple entier a été, de près ou de loin, associé à l'entreprise de la gigantesque extermination" et par conséquent "c'est un crime dont un peuple entier est plus ou moins responsable". "Un crime qui fut perpétré au nom de la supériorité germanique engage la responsabilité nationale de tous les Allemands." Karl Jaspers fut le premier à le reconnaître, comme le note Jankélévitch. Mais "ce n'est pas dire que les Allemands soient responsables collectivement ou en tant qu'Allemands". Et il ajoute qu'"on ne peut passer sous silence le geste bouleversant du chancelier Brandt devant le mémorial du ghetto de Varsovie". De même qu'il se félicite "que l'élite de la jeune génération allemande a su relayer l'élite" des bourreaux. La tournure prise par l'Historikstreit est un signe qui va également dans le sens de ce que souhaitait Jankélévitch.Mais cela n'efface pas pour autant le crime et vient plutôt confirmer notre devoir de mémoire. A priori, mais aussi parce que l'imprescriptible conditionne la possiblité de l'histoire européenne à venir, ce qu'avait nettement vu Jankélévitch. C'est pourquoi l'imprescriptible doit porter sur la mémoire elle-même, quand les bourreaux et leurs complices seront eux-mêmes tous morts. Et le grand mérite de Jankélévitch est de continuer à nous montrer non sans quelque rudesse pourquoi ce passé ne doit pas passer.




Alain Le Guyader dans Magazine littéraire n° 333 Juin 1995

vendredi 1 décembre 2006

6 questions 6 réponses

- Pourquoi les nazis haïssaient-ils autant les Juifs ?

Comme nous le transmet Primo Levi : "(...) Dans la haine nazie, il n'y a rien de rationnel. Nous ne pouvons pas la comprendre, mais nous devons comprendre d'où elle est issue et nous tenir sur nos gardes (... )"
Comme dans beaucoup d'autres pays, il existait en Allemagne une tradition antisémite dont l'origine remontait à l'antijudâisme chrétien du Moyen Âge. Lorsque les Juifs eurent le droit, à partir du XIXes., de s'intégrer à la société allemande, leur réussite suscita des jalousies.
À ces formes habituelles d'antisémitisme, le nazisme ajouta une dimension biologique. Sous des prétextes pseudo-scientifiques, il établit une hiérarchie raciale opposant la "race aryenne", dite supérieure, aux autres races qualifiées "d'inférieures". Tout en bas de l'échelle, figurait la "race sémitique" (les Juifs en L'occurrence). Les nazis prétendaient aussi qu'un complot juif international était responsable des malheurs de l'Allemagne, notamment de sa défaite de 1918 et de son humiliation par le traité de Versailles. Ils attribuaient par ailleurs aux Juifs la paternité de leur principal ennemi idéologique : Le bolchevisme.


- Quelle différence y a-t-il entre un camp de concentration et un camp d'extermination ?

On les confond souvent bien qu'ils ne soient pas de même nature. Les camps de concentration (une vingtaine en 1944) sont des lieux d'enfermement et prétendument de "rééducation" destinés aux antinazis et aux "asociaux" puis aux ennemis du Reich. Des Juifs y sont également enfermés. Même si la mortalité y est très élevée, le déporté a néanmoins une chance de survivre. Cette chance n'existe pas ou est infime dans les centres d'extermination qui sont des lieux destinés à assassiner méthodiquement et industriellement hommes, femmes et enfants. Au nombre de six, ces centres de mise à mort sont tous situés en Pologne. Parmi eux, Auschwitz et Lublin-Majdanek sont des camps mixtes car ils sont à la fois camp de concentration et centre d'extermination.


- Comment les nazis ont-ils fait pour dissimuler un tel crime ?

Les nazis ont organisé de façon systématique le génocide des Juifs et en ont fait un secret d'État. Le secret était d'abord administratif. Tous les documents faisant référence à la "Solution finale" étaient strictement confidentiels. Dans leur propos, les termes explicites étaient bannis. Ainsi, en langage codé, "traitement spécial" signifiait "gazage", "travail à l'Est" voulait dire "déportation vers les camps d'extermination", etc. Pour que le processus d'extermination se déroule dans les meilleures conditions, il ne fallait pas que les victimes connaissent le sort qui leur était reservé. IL fallait aussi rassurer l'opinion internationale sur la destinée des Juifs "transférés à l'Est". Pour cela, les nazis ont employé divers subterfuges. Ils se sont également efforcés d'effacer tes traces de leurs activités criminelles en détruisant les installations homicides.


- Les juifs se sont-ils laissés esterminer sans réagir ?

Ignorant où ils allaient, la quasi-majorité d'entre eux pensait qu'on les envoyait en Allemagne ou en Pologne dans un camp de travail. Certes, des rumeurs inquiétantes circulaient mais une telle monstruosité était inimaginable. Même à Auschwitz-Birkenau, tout était organisé pour rassurer et tromper les nouveaux arrivants. Jusqu'au dernier moment, ils ignoraient leur sort. Et en admettant qu'ils l'aient su, exclus et privés de ressources, au contact de populations bien souvent indifférentes sinon hostiles, où auraient-ils pu aller? Cependant, lorsque les Juifs ont compris le caractère systématique des déportations, ils se sont parfois, comme en France, organisés pour cacher les enfants, fabriquer des faux papiers, effectuer des passages clandestins vers des pays neutres, etc. Par ailleurs, en Pologne, des révoltes ont éclaté dans les ghettos comme à Varsovie en avril 1943 ou dans les camps comme celui de Treblinka en août 1943 ou encore Sobibor en octobre 1943.


- Que savaient les Alliés ?

Des informations ont filtré sur les ghettos et les camps en Pologne et sur les tueries commises à l'Est malgré le secret qui entourait ces activités. Le Vatican, Les Alliés (plus particulièrement les Anglo-Américains) en ont été informés par de multiples sources. Elles provenaient d'organisations juives établies dans des pays neutres, notamment la Suisse et la Suède et de leurs propres services de renseignement. Les autorités gouvernementales en savaient beaucoup plus sur ces massacres que les populations, même si la radio de Londres (BBC) en fit état à plusieurs reprises, de même que la presse clandestine en France notamment. En décembre 1942, les Alliés dénoncèrent publiquement le processus d'extermination mais ils en restèrent là. Selon eux, seule la fin du conflit, qu'il fallait tout faire pour hâter, pouvait y mettre un terme. C'est ainsi que les Juifs et les Tziganes furent abandonnés à leur sort.


- Des non-Juifs sont-ils venus un aide aux Juifs ?

Dans chacun des pays occupés, des personnes ont eu le courage, parfois au péril de leur vie, de cacher des Juifs ou de les aider à fuir. Cette petite minorité d'hommes et 'de femmes, de toutes croyances et de toutes origines sociales a agi de manière désintéressée. Pour leur rendre hommage, le Yad Vashem, institution israélienne consacrée à la mémoire de ta Shoah, leur attribue le plus haut titre de vertu biblique qui est celui de "Juste parmi les Nations": À ce jour, cette distinction a été décernée à plus de 21000 personnes en Europe et à deux communes : celles du Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire et de Niewlande en Hollande.

Source : livret d'accompagnent élèves

mercredi 29 novembre 2006

Les bienveillantes, Jonathan Littell, Gallimard, 2006


Jonathan Littell verra Shoah, de Claude Lanzmann, et sera impressionné particulièrement par une séquence d’entretien avec Raul Hilberg, dans laquelle l’historien américain souligne le rôle joué par la bureaucratie nazie dans l’extermination des juifs d’Europe. « Auschwitz, les chambres à gaz, je savais cela – je suis né dans une famille d’origine juive, et même si elle a émigré de Pologne aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle et n’a pas vécu de façon directe ces événements, j’ai néanmoins grandi avec cette histoire. Mais le fait que le génocide ait été l’œuvre d’un appareil bureaucratique organisé, rationalisé, budgété, je ne le mesurais pas. »

C’est cette machine administrative effarante, cette logistique sophistiquée que l’on voit à l’œuvre, de l’intérieur, avec une précision sidérante, dans Les Bienveillantes, à travers les faits et gestes de Maximilien Aue. Un individu qui n’a a priori rien d’un pervers, ni d’un idéologue fanatique. Un homme hanté par une histoire personnelle douloureuse, par des rêves et des symptômes physiques qui semblent les indices d’une dégradation morale intense, mais aussi un fonctionnaire du crime sans passion ni compassion, sans doutes ni hésitations, mû par un pur et simple et effrayant souci d’efficacité. « Ce que j’ai fait, je l’ai fait en pleine connaissance de cause, pensant qu’il y allait de mon devoir et qu’il était nécessaire que ce soit fait, aussi désagréable et malheureux que ce fût », se justifie Maximilien Aue, en préambule à ces Mémoires imaginaires.

Ce qu'en dit la presse :

"C'est un choc ! Voici un livre dont on sort hagard et pantelant. Un de ces rares romans appelés à devenir un classique [...]. Jonathan Littell a trente-huit ans. Il est américain, écrit en français. Son coup d'éclat, un pavé dérangeant et fascinant, interroge le mal historique, le mal idéologique et le mal personnel. Le volume pèse son poids : neuf cents pages (avec appendices) dotées d'une force incroyable, d'une diabolique dimension épique. Un opéra baroque et décadent mêlant réalisme, violence et onirisme." Alexandre Fillon, Lire

"On ne peut s'empêcher, à la lecture de cette œuvre faite de mort, de chute, de sexe, de se poser une question : pourquoi écrire au XXIe siècle un roman sur un officier SS ? Les Bienveillantes sont une plongée atemporelle dans les profondeurs de l'homme. On se retrouve obligé de se regarder soi. Obscur face-à-face. C'est d'ailleurs, dans une dialectique de miroir brisé, la véritable interrogation des Bienveillantes : et vous ?" Marie-Laure Delorme, Le Magasine littéraire

"L'époustouflante réussite des Bienveillantes ne se trouve pas seulement dans la conduite d'un récit couvrant l'intégralité du second conflit mondial, un souffle devenu trop rare dans le roman contemporain. Elle tient aussi dans l'abandon demandé au lecteur, à cette façon de l'amener à rendre les armes après 900 pages. Cette pulsion génocidaire, rationalisée par un sens de l'organisation hors du commun, formulée avec autant de précision par Max Aue, ne relève plus seulement de la confidence. Elle devient un miroir qui nous est tendu puisque de ce « frère humain » nous ne pourrons jamais écarter la lointaine parenté. Dans ces moments là, Jonathan Littell devient vraiment très grand." Samuel Blumenfeld, Le Monde des livres

"Ce livre pose des questions. D'emblée, dès la première page, et jusqu'au bout. D'innombrables questions se lèvent presque à chaque page, troublantes, qui récusent toute réponse. Très vite on ne sait plus quoi penser, quoi dire. Une tentation dangereuse émerge alors : accepter l'horreur comme une fatalité. En refusant de rendre son anti-héros haïssable, et même de lui attribuer des sentiments anti-sémites, l'auteur suit fidèlement la voie romanesque tracée par Flaubert : avec Maximilien Aue, Jonathan Littell a créé son Emma, son Frédéric. Il le place dans cette intolérable position des « malgré-nous », il lui inflige un destin auquel rien ne peut être opposé, sauf, justement, la mort." Bruno Krebs, La Revue littéraire

"C'est en prêtant voix à un officier supérieur nazi […] que Jonathan Littell signe une entrée stupéfiante sur la scène littéraire française. […] Le résultat est saisissant. Fresque de grande ampleur où sont convoqués des centaines de personnages réels ou fictifs, portée par une authentique puissance narrative et un souci éthique omniprésent – on pense souvent, à la lecture, à Vie et destin de Vassili Grossman –, Les Bienveillantes n’est certes pas de ces romans qu’on peut envisager d’aimer, mais il se dégage de ses pages une force de conviction hors du commun, une sensation inouïe de réalisme et de justesse." Nathalie Crom, Télérama

Sources : Télérama et Gallimard Editions

Documentation audio-visuelle en ligne

- Encyclopédie multimédia de la Shoah

- Le procès Nuremberg : Le film des atrocités, France Culture, (audio 1:05:05)

- Le procès Nuremberg : La bureaucratie du génocide, France Culture (audio 1:05:05)

- Le procès Nuremberg : Le crime contre l'humanité, Serge Klarsfeld, France Culture, (audio 30:14)

- Aushwitz Remembering Hell, Michael Moody

- Birkeneau, David J. Waxman (vidéo 9:00)

- Fondation pour la Mémoire de la Soah


A propos de l'art en général et de "l'art dégénéré" en particulier :

- Un article d'analyse stylistique sur "l'art dégénéré" d'une historienne

- Un site intéressant accesible pour des lycéens mais qui pêche par absence de contextualisation historique "l'art dégénéré du III Reich".

- Un site avec une contextualisation mais plus difficile, une analyse dans le champ de la théorie critique de l'Ecole de Frankfort. Rélexions sur le marketing, la propagande et l'art. Peut vous aider à réfléchir la question.

-
Un site incontournable sur la question de l'art et l'univers concentrationnaire.

- Voir au C.D.I. du lycée le Beaux Arts magazine n°86 "Vive l'art dégénéré".



De la musique dans les camps ? Voici quelques éléments de réponse : Témoignage de Wladyslaw Szpilman / Témoignage de Simon Laks / Témoignage d'un SS sur la musique à Majdanek

Discographie : Musique dans les Camps de Concentrationet lesCamps d'Extermination


Témoignage :








lundi 27 novembre 2006

Les différents dossiers de recherche actualisés des élèves

Les auteurs : Alisiya B., Jennifer C., Marie B., Aurélie G., Anne M., Sarah D., Elodie M.

Le dossier de recherche :
- Film documentaire : Nuit et brouillard, A. Resnais, 1945
- Témoignage : Si c'est un homme, P. Levi, 1947
- Littérature (bande dessinée) : Maus, A. Spiegelman, T1 - 1987, T2, 1992
- Histoire : Auschwitz, L. Poliakov, 1964
- Philosophie : Etude sur l’humain et l’inhumain, Chap. 3, Devenir humain – Ce qui fait qu’un homme est un homme, Chap. 6, L’humain attesté – Comment préserver l’humain, Jacques Ricot, PUF, 1998
- Art : L’art “dégénéré”, Berlin, 1937


Les auteurs : Chloé V., Samantha M., Adélie F., Marie G., Justine G., Charlotte G., Quentin B.

Le dossier de recherche :
- Film documentaire : Shoah, C. Lanzmann, 1985
-
Témoignage : Le commandant d'Auschwitz parle, R. Hoess, 1947
- Littérature (roman) : La mort est un métier,
R. Merle, 1952

- Histoire : Auschwitz, La solution finale,
ouvrage colectif, 2005

- Philosophie :
Etude sur l’humain et l’inhumain, Chap. 2.III, Chap. 5, L’humanité meurtrière d’elle-même,L’humain défait – Comment advient l’i
nhumain, Chap. 6, L’humain attesté – Comment préserver l’humain Jacques Ricot, PUF, 1998
- Art : La musique dans les camps de concentration


Les auteurs : William P., Grégory G., Guillaume L., Corentin B., Jas H., Hendriks H., Romain G., Cloé L.

Le dossier de recherche :
- Film de fiction : La vie est belle, Benigni, 2000
- Témoignage : L'espèce humaine, R. Antelme, 1957
- Littérature (roman) : Les deux morts de Hannah K., R. Meyer,
2003
- Histoire : L'Ere du témoin, A. Wievorka, 1998
- Philosophie : Le mal totalitaire, Joël Gaubert (Livre et CD Rom), M-editer, 2004
- Art : Les arts plastiques dans les camps


Les auteurs : Marine D., Aline G., Anne-Lise G., Aurélie F., Lucie B., Elodie D.

Le dossier de recherche :
- Film de fiction : La liste de Schindler, S. Spielberg, 1993
- Témoigange : Je me suis évadé d'Auschwitz, R. Vrba, 1963
- Littérature (bande dessinée) : Auschwitz, P. Croci, 2000
-Histoire : Les Assassins de la mémoires, P. Vidal-Naquet, 1987
- Philosophie : La servitude volontaire, Michel Malherbe, (Livre et CD Rom), M-editer, 2004
- Art : L’art post-concentrationnnaires (1945 à nos jours)

dimanche 26 novembre 2006

Projet pédagogique TES.1 2006-2007 : Présentation

Le Mémorial de la Shoah organise un voyage d'étude d'une journée au camp d'Auschwitz en mars 2007 dans le cadre d'un programme initié et financé par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, en partenariat cette année avec la région Pays de la Loire. Une journée de préparation est prévue au Mémorial de la Shoah à Paris en amont du voyage d'étude.
Le projet interdisciplinaire ci-dessous présenté est conçu par le professeur d'histoire Fabienne Chevalier et le professeur de philosophie Stéphane Vendé, de la classe de terminale ES 1 du lycée Europe-Robert Schuman de Cholet.

Le cadre dans lequel s'inscrit ce projet :

1) En histoire

Le programme d'histoire de la classe de terminale invite, à plusieurs moments de l'année, à se pencher sur la question du rapport entre mémoire /histoire /oubli :

- Le monde en 1945 :
- La France de 1945 à nos jours: bilan et mémoire de la Seconde Guerre mondiale
- Mémoire de la guerre d'Algérie, avec en arrière-plan celle de la colonisation
- La mémoire du génocide dans la construction de l'identité juive et la création de l'État
d'Israël

L'objectif du projet : Comment penser la Shoah en classe terminale ? Quelle est la place d'Auschwitz dans notre mémoire aujourd'hui ?

La problématique du projet :

Qu'apporte de plus à un jeune la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?
Cette problématique pose donc la question des vecteurs de mémoire, des sources de la connaissance historique et de leur confrontation.

2) En philosophie

« L'enseignement de la philosophie en classes terminales a pour objectif de favoriser l'accès de chaque élève à l'exercice réfléchi du jugement, et de lui offrir une culture philosophique initiale. Ces deux finalités sont substantiellement unies. Une culture n'est proprement philosophique que dans la mesure où elle se trouve constamment investie dans la position des problèmes et dans l'essai méthodique de leurs formulations et de leurs solutions possibles ; l'exercice du jugement n'a de valeur que pour autant qu'il s'applique à des contenus déterminés et qu'il est éclairé par les acquis de la culture. »
Extrait du programme de philosophie en classe terminale des séries générales, présentation, L 1

Le projet :

« Le pardon est mort dans les camps de la mort ». Cette terrible sentence a été prononcée par Vladimir Jankélévitch qui est pourtant aussi l'auteur d'un plaidoyer d'une intensité et d'une vibration émouvantes en faveur d'une conception intransigeant du pardon. Contradiction ? Probablement.
Déchirure, assurément. Ce fin moraliste exigeant fut tout à la fois un apôtre enflammé de la toute-puissance du pardon et un témoin irrémédiablement blessé dans sa chair par l'irrationalité du mal. Sa position philosophique s'est enracinée dans les polémiques d'après-guerre et en particulier dans celles surgies autour de la loi du 26 décembre 1964 sur l'imprescriptibilité des crimes nazis. La décision est difficile et l'enjeu est grave car il v va de la cohérence et de la possibilité du pardon comme on peut le voir à travers la question de savoir s'il faut délimiter un espace a bsolement impardonnable comme semble nous y inciter l'élaboration contemporaine du crime contre l'humanité, catégorie juridique inédite récusant toute prescription.

En nous demandant si l'on peut tout pardonner, nous avons, ici, le projet de faire réfléchir les élèves et de mettre à l'épreuve théoriquement et pratiquement le travail philosophique mis en place cette année sur « l'humain et l'inhumain » durant lequel la faculté de pardon voudrait être analysée comme la plus haute mais aussi la plus fragile des vertus humaines. Mais jusqu'où peut-on exercer cette faculté ? Et peut-on vraiment tout pardonner ?

La problématique du projet :

Pour aller, ici, droit à l'essentiel disons que si les crimes contre l'humanité étaient pardonnables, alors, semble-t-il, l'humanité prendrait le risque de renoncer à elle-même, signant son arrêt de mort comme humanité, en paraissant tolérer ce qui non seulement l'offense, mais la nie. Par conséquent, s'il existe une zone de l'impardonnable, c'est que tout ne pourrait pas et ne devrait pas être pardonné afin de sauvegarder l'humanité de l'homme, des hommes. Mais, à l'inverse, si tout ne peut pas être pardonné, c'est que le pardon ne serait plus cette décision inconditionnelle, gratuite et désintéressé qu'il parait être. Un pardon sous condition est-il encore un don ?
Source de la problématique : Peut-on tout pardonner ?, Jacques Ricot, Plein Feux, 1999


La démarche :

Première étape : séquence d'introduction aux Archives municipales de Cholet

De Cholet à Auschwitz ou, pour reprendre le titre de l'ouvrage d'Alain Jacobzone, « l'éradication tranquille ». Le fond est modeste mais il permet de donner une dimension locale à l'holocauste et de partir sur les traces des 22 Juifs arrêtés à Cholet et déportés à Auschwitz.

Monsieur Jacobzone, auteur du livre L'Eradication tranquille. Le destin des Juifs en Anjou (1940-1944), y fera une conférence sur le sujet.

Deuxième étape : le travail de groupes des 29 élèves (voir fiches)

Troisième étape : confrontation des travaux de groupes

Chaque groupe devra produire des synthèses écrites qu'il présentera aux autres pour nourrir ensuite le débat. L'objectif sera de mettre en évidence des modes de fonctionnement différents de la mémoire, de l'histoire et de l'oubli, de mettre en évidence les articulations entre approche subjective et approche objective, entre approche « charnelle, émotive » et approche « cérébrale, réflexive ». Ces synthèses seront progressivement ici publiées en fonction de l'avancée des recherches des différents groupes.

Quatrième étape : voyage préparatoire au Mémorial de la Shoah à Paris le vendredi 2 mars 2007
Visite guidée de l'exposition permanente, puis travaux en ateliers.

Cinquième étape : visite des camps d'Auschwitz le 19 mars

La force des lieux, le poids des images, le poids des émotions et de la réflexion pour provoquer, éduquer, forcer à la vigilance.

Sixième étape : réflexion et témoignage des élèves sur leur visite à Auschwitz.

Très vite, « à chaud », de retour au lycée, les élèves, à partir d'une réflexion individuelle écrite, organiseront une discussion sur l'objet du voyage :

• Qu'apporte de plus, à un jeune, la visite du camp d'Auschwitz quand la connaissance, l'analyse du phénomène concentrationnaire et de l'extermination lui sont accessibles par d'autres vecteurs ?

• Peut-on pardonner Auschwitz ?

Ils s'engageront à témoigner ensuite, à leur tour, auprès de leurs camarades de première qui étudient la Seconde Guerre mondiale en fin d'année et, pourquoi pas, auprès des parents d'élèves de la classe.


Ce blog veut permettre aux élèves de terminale E.S. 1 du lycée Europe de Cholet (49) de publier, de faire connaître et d'échanger leur travail de recherche et leur réflexion
à l'occasion d'un projet pédagogique croisant leur enseignement d'histoire & géographie, de philosophie et leur propre recherche dans le domaine des arts et des lettres.

La durée de vie de ce blog voudrait dépasser celle de cette année scolaire, durant laquelle nous allons vivre ensemble un vrai parcours de vie, et permettre à tous et à chacun de contribuer à ce travail d'histoire colletif et de philosophie personnelle nous permettant d'approcher l'idée que nous rappelle Jean-Paul Sartre dans L'Existentialisme est un humanisme : "Les situations historiques varient : l'homme peut naître esclaves dans une société païenne ou ségneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c'est la nécessité pour lui d'être au monde, d'y être au travail, d'y être au milieu des autres et d'y être mortelle. (...) En conséquence, tout projet, quelque individuel qu'il soit a une valeur universelle."