C’est d’abord le récit d’un jeune résistant Hongrois, Rudolf Vrba, (matricule 44 070) et de son ami Fred Wetzer, qui ont passé près de deux ans dans le camp d’extermination d’Auschwitz parce que juifs et ont réussi à s’enfuir.
Ce livre nous donne à voir la vie dans le camp, les sélections, le travail. Il témoigne aussi de l’extraordinaire force de caractère de ces hommes qui résistent : survivre pour témoigner.
Leur évasion leur a permis de révéler la barbarie nazie : ainsi, dès qu’il a pu gagner le maquis en Tchécoslovaquie, R. Vrba rédige un rapport sur le camp d’extermination : il dessine une esquisse d’ Auschwitz I et Birkenau avec l’emplacement des chambres à gaz et des crématoires. Il explique le fonctionnement du camp avec sa hiérarchie, le classement des détenus identifiés par des triangles de couleurs différentes. Il dresse la liste des convois avec le nombre et la nationalité des détenus entrés, (ce qui révèle une mémoire phénoménale). Il met en garde contre les projets des Nazis de liquider tous les Juifs hongrois. Le document est remis le 25 avril 1944 au chef de la communauté juive de Hongrie qui doute de la véracité, de l’énormité de la chose. Puis aux Alliés qui doutent eux aussi. C’est en vain que R. Vrba a témoigné : quatre cent mille Juifs hongrois seront assassinés. Et R. Vrba est entré dans la Résistance !
Dans ce récit, R. Vrba s’en tient aux faits, mais quelle leçon d’humanité, de courage, de force. Il a même le sens de l’humour quand, de retour chez sa mère, lui qui revient de l’enfer, qui a vu mourir 1 760 000 personnes il rapporte (p 347) :
- « Tu es un garçon impossible, finit-elle par dire. Tu ne m’as même pas écrit une seule fois, tu ne m’as même pas envoyé ton adresse. »
- « Excuse moi maman c’était un peu difficile, on n’arrêtait pas une minute. »
Le rapport de Vrba a figuré parmi les pièces d’accusation au procès de Nuremberg. Tous les chiffres donnés se sont révélés exacts sauf celui sur le nombre des déportés français : 76 000 au lieu de 150 000, comme il l’a écrit.
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